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Jul, 28 2025
Dmytro Konovalenko
Associé principal

Pays sans extradition avec la France

L’extradition est une procédure établie par des traités internationaux qui consiste à remettre une personne accusée ou condamnée pour une infraction dans une juridiction à un autre État afin qu’elle y soit poursuivie pénalement ou que sa peine y soit exécutée. La France est partie à de nombreux accords bilatéraux et multilatéraux, notamment la Convention européenne d’extradition et les accords pertinents dans le cadre de l’Union européenne. Cependant, il existe un groupe d’États avec lesquels la France ne dispose pas d’un traité d’extradition en vigueur, ou pour lesquels l’extradition de leurs ressortissants n’est pas pratiquée. En pratique juridique, ces États sont généralement qualifiés de pays sans extradition.

Fondements juridiques de l’extradition et exceptions

Accords internationaux et conventions

En tant qu’État de droit, la France s’appuie sur les sources suivantes en matière d’extradition internationale :

  • Convention européenne d’extradition (1957) — texte multilatéral fondamental régissant la remise des délinquants entre les États membres du Conseil de l’Europe. La France l’a signée et ratifiée.
  • Protocoles additionnels à la Convention européenne — portant sur des aspects tels que l’élargissement des infractions extradables, l’exclusion de l’extradition pour infractions politiques, la coopération avec les juridictions internationales.
  • Accords bilatéraux d’extradition — la France a conclu des accords avec des pays comme les États-Unis, le Canada, l’Argentine, le Brésil, l’Australie, ainsi que plusieurs autres pays hors UE. Ces accords régissent les procédures, les motifs de refus, la liste des infractions extradables.
  • Droit de l’Union européenne — au sein de l’UE, le Mandat d’arrêt européen (European Arrest Warrant, EAW) a simplifié le processus de remise entre États membres et remplacé l’extradition traditionnelle.

Principes fondamentaux de l’extradition

  • Double incrimination (Dual criminality) : L’infraction pour laquelle l’extradition est demandée doit être punissable à la fois en France et dans le pays requérant.
  • Interdiction d’extrader les citoyens français : L’article 66-1 de la Constitution française interdit l’extradition lorsque la personne encourt la peine de mort, la torture ou des traitements inhumains ou dégradants.
  • Exceptions pour motifs politiques : La France peut refuser l’extradition si l’infraction a un caractère politique (ex. : participation à des manifestations, fuite de persécutions).
  • Droit à un procès équitable : La France refuse d’extrader si elle estime que les droits fondamentaux de la personne risquent d’être violés dans le pays demandeur, notamment l’accès à la justice.

Jurisprudence

Les juridictions françaises, y compris la Cour de cassation et le Conseil d’État, ont souvent refusé des extraditions dans les cas suivants :

  • absence de garanties suffisantes en matière de respect des droits humains ;
  • ressortissant français ou personne bénéficiant du statut de réfugié ;
  • risque pour la vie ou la liberté pour motifs politiques ;
  • absence d’un traité international d’extradition avec le pays demandeur.

Un exemple célèbre est la doctrine Mitterrand, formulée dans les années 1980, selon laquelle la France a refusé d’extrader d’anciens activistes italiens, malgré des traités en vigueur, si ces derniers s’étaient réinsérés dans la société française et avaient renoncé à la violence.

Pays sans traité d’extradition formel avec la France (liste 2025)

Voici les États avec lesquels la France n’a pas de convention d’extradition en vigueur ou dont la coopération est exceptionnellement rare :

Caraïbes

  • Dominique
  • Antigua-et-Barbuda
  • Saint-Christophe-et-Niévès
  • Grenade
  • Sainte-Lucie

Ces États proposent des programmes de citoyenneté par investissement, n’ont pas de traités avec la France et n’extradent généralement pas leurs citoyens naturalisés.

Pays asiatiques

  • Chine (extradition restreinte, interdiction d’extrader ses citoyens)
  • Vietnam
  • Indonésie
  • Cambodge
  • Laos
  • Mongolie

Moyen-Orient

  • Émirats arabes unis
  • Arabie saoudite
  • Iran
  • Koweït
  • Oman

Les extraditions dans ces pays sont rarement accordées pour des infractions pénales, souvent bloquées pour raisons politiques ou protection internationale.

Europe de l’Est et CEI

  • Russie
  • Biélorussie
  • Moldavie (coopération limitée)
  • Ukraine (surtout pour affaires politiques)

Afrique

  • Éthiopie
  • Ouganda
  • Namibie
  • Zimbabwe

Observations sur les accords bilatéraux

La France a conclu des accords d’extradition avec plus de 100 pays, mais cela ne garantit pas une extradition automatique. Par exemple :

  • De nombreuses conventions prévoient des clauses de non-extradition pour les ressortissants nationaux.
  • Certaines autorisent le refus si l’intéressé risque des poursuites politiques.
  • Certains États exigent l’aval de leur ministère de la justice, rendant l’extradition discrétionnaire.

Organismes internationaux et extradition

La France coopère activement avec :

  • INTERPOL — participe aux notices rouges, mais rejette celles motivées politiquement.
  • Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) — ses décisions sont intégrées à la pratique nationale. Si la CEDH estime qu’une extradition violerait l’article 3 (torture) ou 6 (procès équitable), la France s’y oppose.

Conclusion

En 2025, la France maintient une pratique active d’extradition avec l’UE, l’Amérique du Nord, l’Amérique latine et certains pays africains. Toutefois, plusieurs États mentionnés ci-dessus n’ont pas d’accords avec la France ou refusent l’extradition pour des motifs politiques, juridiques ou humanitaires. Chaque demande d’extradition doit faire l’objet d’une analyse individualisée, tenant compte de la nationalité, des notices internationales, du statut juridique, du contexte politique et de la jurisprudence.

En cas de risque d’extradition ou de contrôle d’une notice INTERPOL, il est fortement recommandé de consulter des avocats spécialisés en droit pénal international et droit de l’extradition.

Dmytro Konovalenko
Dmytro Konovalenko
Avocat, expert en extradition et auprès d'Interpol, il est membre de l'Association internationale du barreau. Depuis plus de cinq ans, il défend ses clients contre des avis de recherche internationaux provenant des États-Unis, de Russie, d'Ouzbékistan, d'Ukraine et d'autres pays. Dmytro a une expérience positive en matière de mesures préventives visant à bloquer les recherches dès les premières étapes. Dmytro est spécialisé dans la défense des auteurs de crimes économiques, politiques et de crimes de guerre.
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